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Interview réalisée par Paulin
Réponses par Morgan

1. Est-ce que vous pourriez présenter Belle Epoque ?

Belle Epoque c'est cyril, hervé, jédro et moi, morgan. Quatre gars d'une vingtaine d'années qui font de la musique. Un groupe comme pleins d'autre.    On se débrouille comme on peut pour faire vivre et circuler cette musique toute simple qui nous a permis de faire plein de choses sympas.     Des discussions, des rencontres, des voyages, un disque et une belle ouverture sur plein de modes de vie et de pensées différentes.     Voilà, Belle Epoque est une aventure, celle d'un fragment de vie, avec des bons et des mauvais moments qui nous ont à tous, je pense, beaucoup apporté ces trois dernières années.

2. Sur combien de temps s'étale la création de "A la dérive" ?

Une bonne année je dirais. J'ai un peu de mal à prendre mes marques dans le temps, mais je dirais un an, oui.     Composition et enregistrement compris. Pour ce qui est du délais de sortie du disque, je fais une impasse dessus, ça éveillerait de mauvais souvenir à nos amis (gaël, greg et julien) qui ont permis à ce disque de voir le jour.

3. Quelle a été votre démarche lors de sa création ?

Rien de très original. On a répété pendant plusieurs mois et puis ces 6 morceaux sont nés. Ce qui a changé dans le fonctionnement par rapport à la démo, c'est le fait d'avoir écrit certains morceaux à deux. Avec hervé, on a bossé tous les deux sur les paroles et j'ai trouvé que ça avait vraiment apporté quelque chose de nouveau. C'est toujours intéressant d'avoir un autre point de vu, un autre avis sur un sujet lors de l'écriture d'un texte, ça permet d'enrichir le contenu et de trouver plus facilement les mots appropriés (pour ma part du moins).

4. Est-ce que le concept de "bien plus que de la musique" vous parait essentiel ?

Nous avons toujours essayé de faire de Belle Epoque un tout. Certes, c'est un groupe de musique, mais nous voulons montrer que ça peut être bien plus que ça.     C'est avant tout pour nous un merveilleux outil de communication et de création. Création de musique, mais aussi d'échanges, de rencontres, de réflexions...     C'est dur de réussir à appliquer tous nos principes et nos désirs dans un seul et même projet, je pense que nous n'avons pas tout réussi, loin de là, mais en repensant à nos premières répètes, je n'aurais jamais pu imaginer que nous pourrions faire autant de choses (musicales et extra-musicales).

5. Pourquoi proposer tous vos titres en libre téléchargement sur votre site (superbe au passage) ?

Tout simplement, parce que la musique est faite pour être écoutée, pas achetée. Nous voulons mettre en avant la musique et  montrer qu'un groupe peut vivre autrement que par son nombre de disques vendus. Le but de mettre nos morceaux en téléchargement libre est de faire circuler la musique au maximum, de la rendre accessible à tous/toutes.

6. Pourquoi faites-vous de la musique ? Est-ce que c'est un besoin viscéral, un exutoire, un moyen d'échange, une façon de vivre, un moyen de transmettre vos idées ?

Il y a un peu de tout ça mélangé. J'ai eu pendant longtemps comme seul et unique exutoire le "sport". C'était quelque chose de génial pour moi, cette sensation     de dépassement de soi, d'effort. Mais quand nous avons commencé le groupe, j'ai découvert quelque chose qui me correspondait davantage. Car en plus du coté physique, il y avait cette possibilité de communiquer et surtout de se dépasser ensemble. Cette notion de travail en groupe est un élément très important pour moi,     car contrairement au sport, il ne s'agissait plus là de compétition contre quelqu'un, mais plutôt d'expression, de libération partagée.

7. Les textes accompagnant les paroles sont à la fois très personnels et applicables à beaucoup de personnes. Beaucoup de gens peuvent s'y identifier, il me semble. Qu'en pensez vous et quel était votre souhait ?

Pas de souhaits particuliers pour ma part, si ce n'est de pouvoir diffuser mes inquiétudes, mes questionnements, mes réflexions et mes révoltes.     Si ces textes amènent des gens à réfléchir, à se questionner c'est cool, après ça, libre à chacun de se faire son opinion sur les sujets abordés.     Une chose est sûr. De faire le point de tout ce que l'on peut avoir en tête à propos de sujet divers est quelque chose de très enrichissant selon moi.

8. Dans quelles conditions avez vous enregistré "A la dérive" ?

Nous avons enregistré ce disque au squat de la Miroiterie dans le 20ème arrondissement de Paris. Ca s'est déroulé sur 4 jours. Nous quatre et Antoine.     Pas grand chose à dire là-dessus. C'était cool, les conditions étaient cool aussi et on a réussi à obtenir ce que l'on voulait.     Le son du disque est correct et l'énergie a été épargnée d'une production étouffante, donc un seul mot pour moi: "content".

9. Qu'est-ce que tu trouves particulièrement révoltant dans la scène punk-hardcore ?

Je ne vais pas et je ne veux pas énumérer les choses révoltantes de la "scène" punk hardcore, pour la simple et bonne raison que ça prendrait beaucoup de temps et que ça n'aurait pas grand intérêt pour les gens qui lisent cette interview. Je préfère orienter ma révolte vers des choses plus valables que les guerres de chapelles nombrilistes de la "scène". Quand certaines choses me déplaisent, je le fais savoir, mais j'ai déjà suffisamment à faire avec ma propre bêtise pour ne pas à avoir à m'occuper de celle des autres.

10. Et plus généralement dans la société ?

Pareil, tellement de choses. Les guerres de religions sont en tête de gondoles dans le supermarché de la connerie, et puis en rayon il y a tout le reste. Les mensonges pasteurisés, les détachants pour prolos salis, les livres sans mot, les disques sans son, les vêtements qui te serviront de maison, les crédits sans fond pour un bonheur sans fond, les aliments qu'on alimente, les barrettes de mémoire vive pour cacher nos mémoires vides, les médicaments qui soignent des maladies à inventer, les jouets qui font pleurer, les morts qui font rire, les formations qui font plaisirs, les lendemains sans question, les vies      sans notion de mort, les paquets de couches avec les bières qui serviront à les salir, les sacs de légumes dans lesquels on peut rentrer... Merde, mon caddie est plein. Tant pis, je repasserai le week-end prochain .

11. Comment voyez vous votre évolution en tant que groupe depuis votre création jusqu'à aujourd'hui ? Est-ce que quelque chose a changé dans votre façon de faire ?

Eh bien, nous avons changé de batteur, en raison d'incompatibilités à plusieurs niveaux. Mais autrement je pense que c'est plutôt une belle expérience humaine. Pour ce qui est de la façon de faire, le seul changement est le départ d'hervé à Strasbourg, ce qui a rendu nos répètes un peu plus espacées et irrégulières, mais autrement pas de gros changements niveau fonctionnement interne.

12. Comment est-ce que vous voyez votre évolution musicale depuis votre démo jusqu'à aujourd'hui ?

Musicalement, je pense que c'est une évolution qui reste fidèle à nos débuts. On a continué à jouer ce qui nous plaisait sans se poser de questions.      Après les gens y voient les influences qu'ils veulent, mais le groupe est resté musicalement le même à travers les différents morceaux. C'est toujours un peu difficile      de garder une cohérence d'un morceau à l'autre quand on écoute beaucoup de musique et beaucoup de styles de musique, mais ça n'a jamais était trop problématique pour nous je pense.

13. Si vous pouviez vivre de votre musique, est-ce que vous le feriez ?

C'est un NON catégorique pour moi. Pas avec Belle Epoque en tout cas. Je ne justifie pas ce « non », car notre démarche parle d'elle-même, me semble-t-il. Le fait de toujours avoir fait tout par nous même nous a fait découvrir des choses que les groupes « pro » ne connaîtront jamais. Pour moi ce groupe prend tout son sens en ne l'étant pas, justement.

14. Comment s'est passé votre tournée anglaise ? Est-ce qu'il y a un évènement dont vous vous souviendrez très longtemps ?

La tournée s'est vraiment bien passée et je voudrais d'ailleurs dire un grand merci à tous les gens qui ont rendu ça possible. Hervé a consacré plusieurs mois à boucler tous les détails pour que tout se passe au mieux et c'était plutôt agréable pour lui comme pour nous tous de voir que passer du temps à bien régler les choses à énormément de bon. Après ça, il y a aussi le facteur chance qui intervient et nous, de ce coté là, on est vernis. Malheureusement le souvenir qui restera le plus fort pour moi sur cette tournée, c'est au moment de traverser la manche, les douaniers n'ont pas pu laisser      embarquer Dubi un membre de Collin Kramer, le groupe avec qui nous tournions. Motif: il n'avait pas le passeport qu'il fallait et pas la nationalité qu'il fallait. Du coup, pas de tournée pour lui. J'ai vraiment en tête cette image de lui tout seul traversant le grand parking pour aller prendre un bus pour rentrer. Après ça, il y a plein de très très bons moments, mais c'est vraiment cette image qui me reste.

15. Quels sont vos projets ?

Nos projets:
- enregistrer deux morceaux pour un EP qui sortira sur les labels suisses Ape Must Not Kill Ape et From A Strangers Hands.
- boucler les derniers détails pour la sortie de notre LP aux Etats-Unis.
- faire peut être quelques derniers concerts et puis nous arrêter pour commencer autre chose (ensemble ou séparés).

16. Quelque chose à dire que je n'aurais pas demandé ?

Non, je n'ai rien à ajouter. Simplement un grand merci pour cet interview et plein de bonnes choses pour la suite. Voilà.

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